Uneconvention de mise Ă  disposition des Ă©quipements sportifs est signĂ©e entre la commune de Les Fosses, celle de BrĂ»lain et l’équipe de Le 28 novembre 2003, Guy X tous les prĂ©noms sont modifiĂ©s fait de sa niĂšce, Josiane, sa lĂ©gataire universelle, par testament notariĂ©. N'ayant pas de descendants directs, il lui lĂšgue tous ses biens. Le 27 octobre 2011, alors que Josiane est injoignable et que l'Ă©tat de santĂ© de Guy se dĂ©grade, le tribunal d'instance de Nice Alpes-Maritimes ordonne une mesure de protection. Il place Guy sous la tutelle d'Evelyne, filleule de son ex-Ă©pouse, feue son Ă©pouse, Edith. . Le 15 janvier 2013, Guy dĂ©cĂšde, et Evelyne s'occupe de ses obsĂšques. Soucieuse de faire respecter ses derniĂšre volontĂ©s, elle le fait inhumer dans le caveau familial oĂč repose Edith. Elle indique Ă  l'opĂ©rateur de pompes funĂšbres qu'il Ă©tait le petit-fils de l'acquĂ©reur du caveau. Faute de place, Evelyne fait au prĂ©alable procĂ©der Ă  la rĂ©duction du corps d'Edith - opĂ©ration qui consiste Ă  rĂ©unir les restes mortels du dĂ©funt, et Ă  les dĂ©poser dans une boĂźte Ă  ossements reliquaire », qui demeure dans le caveau. Lorsque Josiane l'apprend, par le notaire, elle fait exhumer le corps de Guy, et obtient qu'il soit inhumĂ© dans la fosse commune. Elle demande ensuite Ă  Evelyne de lui rembourser le coĂ»t de ce transfert 1500 euros. . . Concession, hĂ©ritiers et conjoints Evelyne s'y refusant, Josiane l'assigne devant le tribunal d'instance de Nice. Elle lui reproche d'avoir commis une atteinte Ă  ses droits de titulaire de la concession funĂ©raire, en y faisant inhumer Guy. Elle lui reproche aussi d'avoir fait procĂ©der Ă  la rĂ©duction du corps d'Edith sans son autorisation. Elle rĂ©clame des dommages et intĂ©rĂȘts, plus le remboursement de l'exhumation et de l'inhumation dans la fosse commune. Le tribunal, qui statue le 8 aoĂ»t 2016, la dĂ©boute, et la condamne mĂȘme Ă  payer Ă  Evelyne 5 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts pour prĂ©judice moral. Il explique que les conjoints des cohĂ©ritiers du fondateur de la concession funĂ©raire peuvent ĂȘtre inhumĂ©s dans le caveau familial au mĂȘme titre que les cohĂ©ritiers eux-mĂȘmes. Il juge que Josiane, qui s'est dĂ©sintĂ©ressĂ©e de son oncle pendant les quatre derniĂšres annĂ©es de sa vie, ne peut reprocher Ă  la tutrice de Guy de ne pas l'avoir consultĂ©e avant l'inhumation »; il ajoute que la rĂ©duction du corps de l'Ă©pouse de Guy Ă©tait nĂ©cessaire », pour rĂ©pondre au souhait de celui-ci de reposer avec elle. . . Double faute Josiane fait nĂ©anmoins appel. Elle fait valoir qu'elle est la seule hĂ©ritiĂšre en indivision avec sa propre fille de la concession acquise par feu son grand-pĂšre maternel, Victor, et seule en capacitĂ© d'y autoriser une inhumation. Evelyne aurait donc commis une faute en y faisant inhumer Guy, et en dĂ©clarant que Guy Ă©tait le petit-fils du concessionnaire, et non son gendre. Elle affirme en outre que la rĂ©duction de corps, qui s'analyse comme une exhumation, doit ĂȘtre demandĂ©e par le plus proche parent du dĂ©funt, donc elle-mĂȘme, puisqu'elle Ă©tait la niĂšce d'Edith. Evelyne aurait commis une seconde faute en se passant de son accord. Evelyne rĂ©pond qu'elle s'est occupĂ©e du dĂ©funt, en sa qualitĂ© de filleule d'Edith, avant d'ĂȘtre dĂ©signĂ©e tutrice de ce dernier, et qu'elle a respectĂ© ses derniĂšres volontĂ©s. Qu'elle Ă©tait d'ailleurs tenue de respecter ces derniĂšres volontĂ©s, sous peine des sanctions de l'article 433-21-1 du code pĂ©nal. Elle soutient que Guy, en sa qualitĂ© d'Ă©poux de la fille du fondateur du caveau, avait le droit d'y ĂȘtre inhumĂ©. Elle ajoute qu'elle a Ă©tĂ© profondĂ©ment choquĂ©e par le dĂ©placement de sa dĂ©pouille, puis par le fait d'ĂȘtre assignĂ©e. Elle rĂ©clame des dommages et intĂ©rĂȘts. . . Personne la plus qualifiĂ©e La cour d'appel d'Aix-en-Provence, qui statue le 17 mai 2018, rappelle qu'aux termes de la loi du 15 novembre 1887 sur la libertĂ© des funĂ©railles,Ă  dĂ©faut d’intentions formelles du dĂ©funt, il convient de rechercher celui ou ceux de ses proches les plus habilitĂ©s, en fonction de leurs relations personnelles avec le dĂ©funt, pour exprimer les volontĂ©s prĂ©sumĂ©es de celui-ci concernant le lieu de sĂ©pulture ». Elle juge que Mme Evelyne X, filleule de l’épouse du dĂ©funt et sa tutrice, est la personne qui est Ă  mĂȘme de dire ce qu’aurait voulu le dĂ©funt, compte tenu du lien qui les unissait, eu Ă©gard au dĂ©sintĂ©rĂȘt de Mme Josiane Y , qui ne le conteste pas ». Elle prĂ©cise qu' il est constant et par ailleurs non contestĂ© par Mme Josiane Y que M. X souhaitait ĂȘtre inhumĂ© auprĂšs de son Ă©pouse ». . . Droit Ă  l'inhumation dans le caveau La cour rappelle que De jurisprudence constante, la concession de famille a vocation Ă  recevoir, outre le corps du concessionnaire, ceux de son conjoint, de ses successeurs, de ses ascendants, de ses alliĂ©s et de ses enfants adoptifs, voire mĂȘme ceux des personnes unies au concessionnaire par des liens particuliers d’affection. Les conjoints des hĂ©ritiers du fondateur de la sĂ©pulture sont considĂ©rĂ©s Ă©galement comme ayant droit Ă  y ĂȘtre inhumĂ©s. Seul le concessionnaire, [Victor], en sa qualitĂ© de fondateur de la sĂ©pulture, est en droit d’exclure un de ses hĂ©ritiers de la sĂ©pulture. À dĂ©faut de manifestation de sa part d’une telle volontĂ©, ont droit d’ĂȘtre inhumĂ©s, sans l’accord des autres hĂ©ritiers, les hĂ©ritiers du fondateur et les conjoints de ces hĂ©ritiers. ... Il s’en dĂ©duit que Guy X Ă©tait en droit d’ĂȘtre inhumĂ© dans le caveau familial de son Ă©pouse, sans l’accord express des autres hĂ©ritiers, Ă  savoir Mme Josiane Y et sa fille. » La cour prĂ©cise que l’indication par Mme X, dans la seule demande d’inhumation, que M. X Ă©tait le petit fils, et non le gendre de l’acquĂ©reur du caveau, est sans consĂ©quence eu Ă©gard au droit de ce dernier d’ĂȘtre inhumĂ© dans le caveau familial de son Ă©pouse sans recueil prĂ©alable de l’accord des hĂ©ritiers ». Elle note encore que Josiane X fait valoir une privation de ses droits Ă  concession et ' la volontĂ© de ses ascendants' sans s’en expliquer, ni les dĂ©montrer ». . . Sur la rĂ©duction du corps La cour rappelle par ailleurs que la rĂ©duction du corps, qualifiĂ©e en droit d'exhumation, est soumise aux dispositions de l’article R 2213-40 du code gĂ©nĂ©ral des collectivitĂ©s qui imposent d’obtenir l’accord de tous les ayants cause, auquel s’ajoutera celui du plus proche parent du dĂ©funt ». Elle constate que l’accord de Mme Josiane Y et de sa fille Ă©tait nĂ©cessaire pour procĂ©der Ă  la rĂ©duction du corps de Mme Edith X ». Evelyne a-t-elle pour autant commis une faute, en s'en passant ? L’objectivitĂ© impose de constater que Mme Josiane Y, dĂ©signĂ©e lĂ©gataire universelle de M. Guy X, s’en est totalement dĂ©sintĂ©ressĂ©e, au moins les quatre derniĂšres annĂ©es de sa vie, Ă  cet Ă©gard l’attestation de la directrice du l’association Azur Service est particuliĂšrement Ă©loquente, lorsqu’elle indique que 'suite Ă  une aggravation importante de la perte d’autonomie de M. X et de soupçons de spoliation Ă  son encontre ouverture d’une ligne tĂ©lĂ©phonique portable, explosion des factures Orange et retraits sur son compte en banque nous cherchons avec l’assistante sociale et toute l’équipe soignante, mais en vain, Ă  joindre Mme Y. Dans ces circonstances, une mesure de protection a Ă©tĂ© initiĂ©e en fĂ©vrier 2011.' L’absence d’interlocuteur familial Ă  compter de 2009 est confirmĂ©e par le mĂ©decin traitant de M. X. » La cour juge que, eu Ă©gard aux faits de l'espĂšce, le comportement d'Evelyne X ne peut ĂȘtre jugĂ© fautif ». De plus, dit-elle, faute de justifier de l’existence d’un lien affectif rĂ©el et pĂ©renne avec sa tante dĂ©cĂ©dĂ©e en 2003, Mme Josiane Y ne dĂ©montre pas en quoi la rĂ©duction du corps de cette derniĂšre, qu’elle a dĂ©couvert suite Ă  l’intervention du notaire, lui causerait un prĂ©judice ». . . DĂ©nuement affectif et financier La cour d'appel constate encore, Ă  propos de la fosse commune, que ce mode de sĂ©pulture est de toujours associĂ© Ă  un dĂ©nuement affectif et financier, or tel n’était pas le cas du dĂ©funt qui a lĂ©guĂ© des biens mobiliers et immobiliers Ă  Mme Josiane Y ». Elle dit que que c’est par une juste apprĂ©ciation des faits et de la cause et Ă  bon droit que le magistrat de premiĂšre instance a jugĂ© que l’inhumation en fosse commune, contraire aux derniĂšres volontĂ©s du dĂ©funt, et la demande abrupte de prise en charge des frais financiers en rĂ©sultant, adressĂ©e Ă  Mme X, caractĂ©risent une faute Ă  l’origine du prĂ©judice moral de cette derniĂšre ». NĂ©anmoins, elle limite la rĂ©paration de cette faute Ă  la somme de 3 000 euros au lieu de 5 000 euros en premiĂšre instance.Elle ajoute 1 000 euros, pour procĂ©dure abusive. L'avocate d son ex-Ă©pouse,Evelyne, son ex-Ă©pouse, Me Alice Catala, nous prĂ©cise que cette derniĂšre a demandĂ© le retour de la dĂ©pouille de Guy dans le caveau familial. Le magistrat a rĂ©pondu que ce n'Ă©tait pas possible juridiquement, seule la niĂšce Ă©tant fondĂ©e Ă  le rĂ©clamer. » Aucune sanction n'a Ă©tĂ© prise Ă  l'encontre de la niĂšce qui n'a pas respectĂ© les derniĂšres volontĂ©s du dĂ©funt. . . . 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\n \n \n risque de finir dans une fosse commune
Enterme de risques naturels et technologiques on peut retrouver des innondations, des tempĂȘtes, des mouvements de terrains, des coulĂ©es de boue ou encore des mouvements sismiques qui sont tout de mĂȘme plus rare chez nous en France. L'historique ci-dessous vous permet d'avoir une bon visibilitĂ© sur ce qui a pu et pourrait se passer sur la commune de FossĂ©.
Un nombre alarmant de QuĂ©bĂ©cois meurent dans la solitude la plus complĂšte. Personne pour remarquer qu’ils ne sont plus de ce monde ; personne pour s’occuper de leurs funĂ©railles et leur rendre un dernier hommage. Ils finissent dans des fosses communes, dans l’indiffĂ©rence presque totale. Comment en est-on arrivĂ©s lĂ  ? Pour comprendre, notre journaliste a remontĂ© l’histoire de quelques-uns de ces dĂ©funts oubliĂ©s. Richard le solitaire L’odeur m’assaille dĂšs que je m’engage dans le couloir menant Ă  l’appartement, au troisiĂšme Ă©tage d’un immeuble de logements sociaux pour personnes ĂągĂ©es, prĂšs du pont Jacques-Cartier, Ă  MontrĂ©al. Un mĂ©lange de viande avariĂ©e, de camion Ă  ordures et d’égouts. Un relent Ăącre et collant, qui semble s’incruster dans ma peau, s’accrocher dans ma gorge, et qui me laissera les narines Ă  vif, hypersensibles Ă  toute odeur animale. C’est cette puanteur qui a inquiĂ©tĂ© les voisins et les a poussĂ©s Ă  alerter les secours. Le 24 avril, lorsque les policiers sont entrĂ©s dans le logement, Richard J.* Ă©tait mort depuis dĂ©jĂ  deux semaines. La dĂ©pouille de l’homme de 62 ans vient d’ĂȘtre emportĂ©e quand j’arrive sur les lieux, en compagnie des nettoyeurs chargĂ©s d’effacer les traces du drame. AchevĂ© par une maladie coronarienne, il souffrait de plusieurs maux chroniques, apprendrai-je en lisant le rapport du coroner qui enquĂȘtera sur les circonstances du dĂ©cĂšs. À voir les Ă©claboussures rougeĂątres qui souillent le plancher du petit trois-piĂšces, sa mort n’a pas Ă©tĂ© paisible. Richard J. a luttĂ©. Il a dĂ» vomir du sang en jets explosifs, d’abord prĂšs de son lit, puis dans la salle de bains et, enfin, dans le salon. C’est lĂ , par terre, affaissĂ© sur son flanc, qu’il a rendu son dernier souffle. À cet endroit, le sang s’est figĂ© en une couche Ă©paisse, visqueuse et texturĂ©e, d’un rouge sombre. Une mouche paresseuse s’attarde alentour. Au milieu de la tache, je dĂ©couvre une touffe de cheveux noirs, Ă©pais et drus comme ceux d’une vieille poupĂ©e, qui sont restĂ©s collĂ©s sur le parquet lorsque son corps a Ă©tĂ© emmenĂ©. Tout prĂšs, sur le sol, gĂźt le tĂ©lĂ©phone, son fil Ă  demi engluĂ© dans la flaque coagulĂ©e. Peut-ĂȘtre Richard J. a-t-il tentĂ© d’appeler Ă  l’aide dans ses derniers moments ? Il Ă©tait ben malade, me raconte sa voisine, Paulette Lalonde. Je lui avais dit “Si jamais vous vous sentez mal, vous avez juste Ă  cogner dans le mur de votre chambre, je vais appeler quelqu’un.” » Mais elle n’a rien entendu. J’ai Ă©tĂ© des jours Ă  y penser, ajoute-t-elle, Ă©branlĂ©e. S’il faut qu’il ait pĂąti une couple de jours tout seul avant de mourir
 » ‱‱‱ De plus en plus de QuĂ©bĂ©cois s’éteignent dans la solitude, symptĂŽme d’une sociĂ©tĂ© oĂč l’on vit toujours plus chacun de son cĂŽtĂ©. Lorsque aucun membre de la famille ne se manifeste pour prendre en charge la dĂ©pouille, celle-ci est dĂ©clarĂ©e non rĂ©clamĂ©e », une Ă©tiquette administrative qui semble convenir davantage aux choses qu’aux ĂȘtres. Dans certains cas, on ne retrouve personne dans l’entourage du dĂ©funt ; dans d’autres, des proches survivent mais refusent d’assumer la responsabilitĂ© des funĂ©railles. Le nombre de corps non rĂ©clamĂ©s a presque doublĂ© au QuĂ©bec au cours de la derniĂšre dĂ©cennie, Ă©tant passĂ© de 213 en 2008 Ă  399 en 2016, selon les donnĂ©es fournies par le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux MSSS et par le Bureau du coroner, les deux entitĂ©s qui gĂšrent ces cadavres. Dans l’intervalle, le nombre total de dĂ©cĂšs n’a progressĂ© que de 11 %. Le QuĂ©bec dĂ©tient d’ailleurs le record canadien Ă  ce chapitre, enregistrant plus de morts non rĂ©clamĂ©s que toute autre province, y compris l’Ontario. Si on calcule leur moyenne annuelle depuis 2008, le nombre de cas au QuĂ©bec dĂ©passe de 29 % celui de sa voisine ontarienne. Or, l’État quĂ©bĂ©cois se soucie peu du dernier repos des esseulĂ©s. Ici, contrairement Ă  d’autres instances au Canada et aux États-Unis, l’État est trop chiche pour offrir une sĂ©pulture digne aux gens qui meurent sans rien ni personne. Ils finissent presque tous inhumĂ©s sans cĂ©rĂ©monie dans une fosse commune, sans une parole ou une priĂšre pour les saluer, sans la moindre plaque qui les identifie. OubliĂ©s de leur vivant, anonymes dans la mort. ‱‱‱ Tout prĂšs, sur le sol, gĂźt le tĂ©lĂ©phone, son fil Ă  demi engluĂ© dans la flaque coagulĂ©e. Peut-ĂȘtre Richard J. a-t-il tentĂ© d’appeler Ă  l’aide dans ses derniers moments ? Les deux employĂ©s de l’entreprise Dryco s’attellent Ă  nettoyer ce qui reste de l’agonie de Richard J. Couverts d’un survĂȘtement de plastique blanc Ă  capuchon, de gants de caoutchouc et d’un masque respiratoire, Nathalie Drouin et FrĂ©dĂ©ric Tremblay qui forment aussi un couple ont l’air de techniciens de laboratoire affrontant un dangereux virus. Suant Ă  grosses gouttes dans cet attirail, FrĂ©dĂ©ric dĂ©monte au marteau et au pied-de-biche les lattes rougies de sang du parquet, puis Nathalie, Ă  quatre pattes, armĂ©e de dĂ©sinfectant, de torchons et d’une simple brosse, frotte le sous-plancher oĂč les fluides corporels se sont infiltrĂ©s. Un purificateur d’air et un diffuseur d’huiles essentielles resteront en marche toute la nuit pour Ă©liminer ce qui subsiste d’odeurs et de contaminants. Maladroite et suffoquant dans l’équipement protecteur que j’ai revĂȘtu moi aussi, je circule dans l’appartement sans trop savoir oĂč mettre les pieds. Richard J. y avait mis du sien pour amĂ©nager un logis agrĂ©able, propre, impeccablement rangĂ©. Des bibelots Ă  l’effigie de JĂ©sus et de Marie sont disposĂ©s un peu partout. Dans le salon, des poissons rouges vivotent encore dans les trois aquariums qui emplissent les lieux d’un glouglou insistant. Des figurines d’animaux en laiton forment un joli troupeau sur le manteau de la cheminĂ©e. Dans la chambre, un chiot en peluche monte la garde sur le lit une place. Qui sait de quoi son quotidien Ă©tait fait. Il vivait de l’aide sociale, souffrait de diabĂšte, d’hypertension et d’alcoolisme, se nourrissait probablement peu ou mal. Des boĂźtes de soupe aux pois et de jus de tomate s’entassent dans le garde-manger ; le frigo, presque vide, ne contient que deux grosses bouteilles de biĂšre, un sac d’oignons, du beurre d’arachides et quelques condiments. Sa voisine Paulette Lalonde le voyait de temps en temps sortir se balader sur son triporteur. Quand il faisait beau, il partait de bonne heure et il revenait juste le soir. » Elle se souvient d’un homme gentil et courtois, qui lui avait fait don de deux chaises en fer forgĂ© en pensant qu’elle pourrait s’en servir pour recevoir. Lui n’avait jamais de visite, dit-elle. Il avait l’air ben gĂȘnĂ©. Tu lui posais une question, il rĂ©pondait juste le strict nĂ©cessaire. » Richard avait l’habitude d’écouter la radio ou de fumer de la mari sur le balcon minuscule, et alors ils Ă©changeaient quelques mots, de part et d’autre d’une cloison qui les empĂȘchait de se voir. Un jour, pourtant, Richard J. a dĂ» compter pour quelqu’un. Sur la commode, un tout petit cadre dorĂ© en forme de cƓur abrite une photo fanĂ©e, oĂč deux mariĂ©s en tenues d’une autre Ă©poque, arborant un demi-sourire, se tiennent par la main. C’était le 24 aoĂ»t 1974. Il n’avait pas 20 ans. Tous Ă  risque En sept ans Ă  travailler ensemble sur ces chantiers funestes, Nathalie Drouin et FrĂ©dĂ©ric Tremblay ont vu de prĂšs la solitude qui se cache au sein des quartiers densĂ©ment peuplĂ©s de la mĂ©tropole. Certains cas les hantent plus que d’autres, comme cette personne oubliĂ©e depuis si longtemps que ses entrailles liquĂ©fiĂ©es suintaient Ă  l’étage du dessous, ou ce logis ayant servi de tombeau Ă  quelqu’un pendant 18 mois, et dont les fenĂȘtres Ă©taient noires de mouches. Sans parler des accumulateurs compulsifs, ces ĂȘtres malades qui meurent parmi les dĂ©chets et la vermine. Notre premier rĂ©flexe, quand on rentre dans un logement, c’est de retourner les photos, dit Nathalie. On ne veut pas voir c’est qui. Sinon, c’est plus pĂ©nible. » Difficile de dire exactement qui est Ă  risque de mourir abandonnĂ©, puisque le provincial ne tient pas de statistiques dĂ©taillĂ©es Ă  ce propos. Le Bureau du coroner, qui traite bon an, mal an environ 20 % de ces dĂ©funts, maintient sur son site Internet une liste de personnes non rĂ©clamĂ©es, dans l’espoir qu’un jour quelqu’un les revendiquera. Le coroner intervient lorsque les causes du dĂ©cĂšs sont obscures, violentes ou liĂ©es Ă  de la nĂ©gligence, ou lorsque l’identitĂ© d’un mort est inconnue ; les autres cas sont sous la responsabilitĂ© du ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux. Sur 304 noms inscrits depuis 2014, 85 % sont des hommes ; les 60 Ă  69 ans sont le groupe d’ñge le plus reprĂ©sentĂ©, suivis des 50 Ă  59 ans ; prĂšs de la moitiĂ© habitaient Ă  MontrĂ©al, moins de 10 % Ă  QuĂ©bec et 3 % Ă  Laval. On n’en sait pas beaucoup plus. Photo Leda&St-Jacques L’une des rares Ă©tudes exhaustives sur le sujet, publiĂ©e en 2016 dans le Journal of Forensic Sciences, a Ă©tĂ© menĂ©e Ă  Indianapolis, une ville Ă  peu prĂšs de la taille d’Ottawa, dans le Midwest amĂ©ricain. Les chercheurs ont passĂ© en revue tous les dossiers de corps non rĂ©clamĂ©s rĂ©pertoriĂ©s de 2004 Ă  2011. Leur analyse confirme que le phĂ©nomĂšne touche disproportionnellement les hommes, ainsi que les gens malades, pauvres et isolĂ©s », Ă©crivent-ils. Ces personnes meurent beaucoup plus jeunes que les autres, Ă  58 ans en moyenne, et pĂ©rissent en majoritĂ© Ă  la maison plutĂŽt qu’à l’hĂŽpital, Ă  l’inverse de la population gĂ©nĂ©rale. Un certain nombre d’itinĂ©rants 13 % des cas et de vĂ©tĂ©rans 16 % comptent parmi les victimes, de mĂȘme que des prisonniers, des ex-dĂ©tenus et des prostituĂ©s. La plupart ont succombĂ© Ă  des troubles cardiaques 43 % ou aux consĂ©quences de la consommation d’alcool ou de drogues 22 % ; 8 % se sont suicidĂ©s ; 2 % sont morts gelĂ©s. Cela dit, pas besoin d’ĂȘtre marginal ou sans le sou pour se retrouver seul Ă  la fin de sa vie. Le simple passage du temps rend vulnĂ©rables ceux qui, autrefois, ont eu des vies sociales remplies, des carriĂšres fructueuses. Certains d’entre nous vivront assez vieux pour que ceux que nous aimons, nos frĂšres, nos sƓurs, voire nos enfants, si nous en avons, soient dĂ©jĂ  tous morts ou trop diminuĂ©s pour veiller sur nous. Ça va bien au-delĂ  de l’individualisme des familles , explique Caroline Sauriol, directrice gĂ©nĂ©rale des Petits FrĂšres, un organisme qui accompagne les personnes seules de 75 ans et plus. Il y a une vague de fond dĂ©mographique, du fait de l’allongement de la vie. On a ajoutĂ© l’équivalent d’une gĂ©nĂ©ration complĂšte au bout. » Ainsi, une personne ĂągĂ©e sur cinq au pays manque de compagnie, se sent tenue Ă  l’écart ou isolĂ©e, selon un rapport de 2012 de Statistique Canada. Mourir seul, c’est aussi ça, poursuit Caroline Sauriol. Si on n’a personne Ă  appeler en cas d’urgence, si on a l’impression que personne ne va se souvenir de nous, que personne ne va ĂȘtre attristĂ© parce qu’on est dĂ©cĂ©dĂ©, c’est une souffrance immense, et ça peut durer des annĂ©es. C’est comme si on Ă©tait oblitĂ©rĂ© de la face de la terre avant mĂȘme d’ĂȘtre mort. » Mais on peut aussi mourir seul dans la fleur de l’ñge. RenĂ© Sanschagrin n’avait que 27 ans lorsqu’il est mort sans ĂȘtre rĂ©clamĂ©, Ă  QuĂ©bec, en 2015. On peut mĂȘme mourir seul dans un village oĂč tout le monde est censĂ© se connaĂźtre Ă  Grand-Saint-Esprit, par exemple, bourgade de 500 Ăąmes oĂč demeurait Martin Vachon lorsqu’il est dĂ©cĂ©dĂ©, en 2015, Ă  l’ñge de 42 ans. Lui non plus, personne n’en a voulu. Norbert l’invisible Toutes les cultures depuis l’AntiquitĂ© rĂ©servent Ă  leurs dĂ©funts des au revoir publics, hautement ritualisĂ©s. De tout temps, les rites funĂ©raires ont eu une double finalitĂ© accompagner les survivants dans leur traversĂ©e du deuil, et assurer le devenir corporel et spirituel du dĂ©funt, explique l’ethnologue Martine Roberge, professeure au DĂ©partement des sciences historiques de l’UniversitĂ© Laval. Assigner une derniĂšre demeure Ă  quelqu’un, c’est l’inscrire dans sa communautĂ© au-delĂ  de la mort. » De nos jours, les sĂ©pultures collectives ou anonymes sont plutĂŽt associĂ©es aux situations de crise — les guerres, les Ă©pidĂ©mies ou les catastrophes naturelles —, qui tuent trop de gens trop vite pour qu’on s’arrĂȘte Ă  chacun ou qui rendent leur identification impossible. Ce n’est pas dans l’ordre des choses. Norbert M.* est arrivĂ© au cimetiĂšre par le garage, dans la boĂźte de carton qui lui sert de cercueil, neuf jours aprĂšs sa mort d’une cirrhose d’origine alcoolique Ă  l’hĂŽpital Saint-Luc, Ă  MontrĂ©al. En ce matin d’hiver, dans le crĂ©matorium du Repos Saint-François d’Assise, il gĂźt sur une table Ă©lĂ©vatrice, prĂȘt Ă  s’engouffrer dans l’un des trois fours que dissimulent des portes mĂ©talliques. À la pression d’un bouton, celle du milieu se lĂšve, et le prĂ©posĂ© pousse la boĂźte dans la cavitĂ© oblongue oĂč jailliront bientĂŽt des flammes d’un orange Ă©blouissant. Il avait 64 ans, et il Ă©tait sans-abri. Pour nous, c’est un dĂ©funt comme les autres, prĂ©cise Robert McDuff, le responsable du service Ă  la clientĂšle qui m’accompagne dans les coulisses du cimetiĂšre. La procĂ©dure, le respect sont les mĂȘmes pour tout le monde, rĂ©clamĂ© ou non rĂ©clamĂ©. Ce qui change, c’est oĂč il va aboutir. » Dans ces espaces d’allure industrielle, loin des gerbes de fleurs, des tentures de velours et de l’éclairage tamisĂ© qui enveloppent la mort d’une atmosphĂšre solennelle, la disposition des corps est rĂ©duite Ă  sa plus simple expression. Une nĂ©cessitĂ© hygiĂ©nique et administrative, sans artifice. Au sous-sol, dans une des salles rĂ©frigĂ©rĂ©es oĂč sont stockĂ©s les cadavres en attente d’ĂȘtre incinĂ©rĂ©s, on garde un grand coffre rudimentaire en fibre de bois agglomĂ©rĂ©. C’est lĂ -dedans qu’on empile les urnes funĂ©raires des dĂ©funts non rĂ©clamĂ©s, au fur et Ă  mesure que leurs cendres sortent du crĂ©matorium de banals contenants de carton au fini bleu imitant le marbre, Ă©tiquetĂ©s et cordĂ©s comme des paquets qu’on s’apprĂȘterait Ă  expĂ©dier quelque part. Il en rentrera une centaine Ă  l’intĂ©rieur. Quand son corps aura Ă©tĂ© rĂ©duit en poussiĂšre, Norbert M. viendra les y rejoindre. Et dans six mois, lorsque la caisse sera pleine, la centaine d’urnes seront transfĂ©rĂ©es dans quatre boĂźtes de bois plus petites mais tout aussi rustiques, puis ensevelies toutes en mĂȘme temps, dans la section 6D du cimetiĂšre, rĂ©servĂ©e aux morts orphelins. Cette Ă©tendue dĂ©nudĂ©e, aussi vaste qu’un pĂątĂ© de maisons, forme un vide incongru au milieu de l’agglomĂ©ration de pierres tombales. Pas une croix, pas un bouquet ni un caillou ne laissent entrevoir que sous cette surface muette dorment les restes de 1 264 personnes. Depuis une dizaine d’annĂ©es, la majoritĂ© des corps non rĂ©clamĂ©s de la grande rĂ©gion de MontrĂ©al finissent dans ce terrain du Repos Saint-François d’Assise, dans l’est de la ville son directeur gĂ©nĂ©ral, Richard Prenevost, s’attend Ă  en recevoir encore 150 cette annĂ©e. Les corps traitĂ©s par le Bureau du coroner, quant Ă  eux, aboutissent plutĂŽt au cimetiĂšre de Laval ils sont placĂ©s dans de simples cercueils en MDF et enterrĂ©s, cinq ou six Ă  la fois, dans une bande de terre dĂ©garnie qu’on croirait vacante, coincĂ©e en bordure du cimetiĂšre le coroner proscrit la crĂ©mation dans ces cas-lĂ . Chaque dĂ©pouille est nĂ©anmoins rigoureusement identifiĂ©e et son emplacement exact, consignĂ© dans un registre informatisĂ©. La mĂ©moire de ces personnes, on a le devoir de la conserver pour la postĂ©ritĂ©, explique Richard Prenevost. Le terrain est cadastrĂ©, et chaque urne renferme un jeton en acier inoxydable avec un numĂ©ro de rĂ©fĂ©rence. Alors, on sait exactement oĂč se trouve chaque dĂ©funt. Si un jour un membre de la famille reconnaĂźt un parent, on sera en mesure d’aller l’exhumer. » Jusqu’ici, ça ne s’est jamais produit. ‱‱‱ Originaire du Nouveau-Brunswick, Norbert M. semble avoir vĂ©cu dans les rues de MontrĂ©al sans laisser d’empreinte, Ă©vanescent. Les dossiers de La Maison du PĂšre, l’un des grands refuges pour sans-abris de la mĂ©tropole, indiquent qu’il s’y arrĂȘtait une fois de temps en temps, depuis une vingtaine d’annĂ©es, pour encaisser son chĂšque d’aide sociale. Il n’a passĂ© la nuit au dortoir qu’en de rares occasions, et pas du tout entre 2006 et 2016. Il y avait dormi la derniĂšre fois le 14 janvier, six semaines avant de mourir, sans avoir pu payer le tarif symbolique d’un dollar et en refusant de se faire photographier. C’est un de nos invisibles, dit le directeur gĂ©nĂ©ral, François Boissy. On les appelle nos fantĂŽmes, ceux qui longent les murs, que tu ne vois pas nĂ©cessairement parce qu’ils ne dĂ©rangent pas, ne veulent pas de suivi. Ils viennent s’apaiser, chercher un peu de chaleur et de rĂ©confort, puis ils repartent dans leurs petites affaires. » Norbert apparaĂźt tout aussi sporadiquement dans les archives des missions Bon Accueil et Old Brewery, deux autres refuges pour itinĂ©rants de la mĂ©tropole une nuit ici et lĂ  certaines annĂ©es, puis plus rien pendant de longues pĂ©riodes. LĂ  non plus, il n’a produit aucune impression marquante, et personne dans ces organismes ne se souvient de lui. Un État trop chiche ? Quand il Ă©voque ces laissĂ©s-pour-compte, Richard Prenevost, du Repos Saint-François d’Assise, est pris d’une telle Ă©motion que ses yeux s’inondent et ses mots s’embourbent dans sa gorge. La modeste sĂ©pulture qu’il leur offre est aux frais du cimetiĂšre ; l’entreprise ne touche aucuns deniers publics pour cet ouvrage. On se prive de plusieurs dizaines de milliers de dollars par an, prĂ©cise-t-il. Mais on est un cimetiĂšre catholique ; la compassion fait partie de notre mission. Chaque fois qu’on en reçoit, ça vient nous chercher, mĂȘme si c’est notre mĂ©tier. On accueille ici 3 600 dĂ©funts par annĂ©e, mais ces cas-lĂ  nous touchent particuliĂšrement. On se demande depuis combien de temps ils Ă©taient seuls. Peut-ĂȘtre que la vie a Ă©tĂ© dure pour eux, et ils finissent comme ça. » L’établissement ne peut se permettre de faire des obsĂšques Ă  chacun, mais tous les ans, en septembre, dans le champ oĂč ils sont enfouis, une cĂ©rĂ©monie est cĂ©lĂ©brĂ©e en leur honneur par l’abbĂ© Claude Paradis, un toxicomane et sans-abri rĂ©formĂ© qui Ɠuvre auprĂšs des gens de la rue. Plus d’une centaine de personnes y ont assistĂ© l’automne dernier sous un soleil radieux, y compris des itinĂ©rants venus saluer leurs compagnons, et la moitiĂ© des employĂ©s du cimetiĂšre. À la fin, 100 papillons monarques, livrĂ©s dans de petites boĂźtes dans lesquelles il fallait souffler pour les rĂ©veiller, ont pris leur envol. Certains d’entre nous vivront assez vieux pour que ceux que nous aimons, nos frĂšres, nos sƓurs, voire nos enfants, si nous en avons, soient dĂ©jĂ  tous morts ou trop diminuĂ©s pour veiller sur nous. Juste Ă  temps pour la commĂ©moration, le Repos Saint-François d’Assise a fait un geste de plus pour contrer l’oubli. Trois blocs de granit dĂ©diĂ©s Ă  la mĂ©moire de ces disparus sont dĂ©sormais plantĂ©s, humbles et solitaires, dans un coin du terrain. Aucun nom ne figure sur la pierre, seulement quelques pensĂ©es, dont ces mots de Voltaire Puissent tous les hommes se rappeler qu’ils sont frĂšres. » ‱‱‱ QuĂ©bec alloue un maximum de 600 dollars pour la disposition d’un corps non rĂ©clamĂ©, 341 dollars s’il s’agit d’un bĂ©bĂ© mort-nĂ©. La somme est payĂ©e Ă  la maison funĂ©raire qui rĂ©cupĂšre la dĂ©pouille sur le lieu du dĂ©cĂšs, la conserve dans ses installations rĂ©frigĂ©rĂ©es le temps que s’accomplissent les formalitĂ©s, et s’arrange pour la faire inhumer. La somme est prĂ©levĂ©e Ă  mĂȘme la succession, mais si les biens laissĂ©s par la personne ne suffisent pas Ă  couvrir la note, c’est l’État qui paie. En tout, le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux dĂ©pense un peu plus de 200 000 dollars par an pour le dernier repos des sans-familles 210 629 dollars en 2016 et 226 853 dollars en 2015, prĂ©cise le MSSS. Six cents dollars, dans le domaine mortuaire, c’est une misĂšre. Ça ne couvre mĂȘme pas la moitiĂ© de ce que ça peut nous coĂ»ter », estime Denis Desrochers, prĂ©sident de la Corporation des thanatologues du QuĂ©bec, qui regroupe 500 professionnels issus de 125 entreprises du secteur. Selon un sondage rĂ©alisĂ© en 2016 auprĂšs de ses membres, le prix moyen d’une crĂ©mation seule, sans autre rite, atteint 2 280 dollars ; si on ajoute une urne, une cĂ©rĂ©monie et deux heures de visite au salon, la facture monte Ă  3 800 dollars ; pour des funĂ©railles traditionnelles incluant, en plus de tout ça, l’embaumement et l’exposition dans un cercueil de location, il faut compter en moyenne 5 669 dollars. D’autres provinces sont franchement plus gĂ©nĂ©reuses envers leurs morts orphelins. En Ontario, ce sont les municipalitĂ©s qui ont la charge de ces enterrements. Le budget qu’elles y consacrent est laissĂ© Ă  leur discrĂ©tion, mais les lignes directrices de l’État ontarien prĂ©voient 2 250 dollars par corps — presque quatre fois plus qu’au QuĂ©bec. Certaines localitĂ©s dĂ©boursent mĂȘme davantage que la somme recommandĂ©e Ă  Toronto, par exemple, oĂč se concentrent plus de la moitiĂ© des morts non rĂ©clamĂ©s de la province, on accorde environ 3 000 dollars pour chacun, prĂ©cise Anna Fiorino, de la Division des services sociaux et d’emploi de la Ville. La somme suffit pour leur creuser une tombe individuelle, identifiĂ©e par un marqueur numĂ©rotĂ©, et permet mĂȘme parfois de leur offrir des heures de visite au salon et un service funĂšbre prononcĂ© par un ministre du culte. Le QuĂ©bec fait Ă©galement pĂąle figure par rapport Ă  l’Alberta. LĂ -bas, le ministĂšre des Services communautaires et sociaux verse 2 300 dollars pour couvrir les arrangements funĂ©raires de base des esseulĂ©s c’est-Ă -dire le transport, l’entreposage et la prĂ©paration du corps ; Ă  cela s’ajoutent plusieurs centaines de dollars pour l’achat d’un cercueil, l’enterrement dans une fosse individuelle et aussi, Ă  l’occasion, une cĂ©rĂ©monie. La Colombie-Britannique, quant Ă  elle, accorde 1 285 dollars pour les frais funĂ©raires essentiels, plus ce qu’il en coĂ»te pour incinĂ©rer le dĂ©funt et mettre ses cendres en terre. En Saskatchewan, l’État dĂ©bourse, selon les circonstances, de 2 100 Ă  4 425 dollars. Au QuĂ©bec, les autoritĂ©s concernĂ©es ne semblent pas se prĂ©occuper outre mesure de ces gigantesques disparitĂ©s. Le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux ne projette pas de dĂ©bloquer plus d’argent dans un avenir rapprochĂ©, selon sa porte-parole Caroline Gingras. Le montant a Ă©tĂ© majorĂ© de 50 dollars en avril 2017 », a-t-elle fait savoir par courriel. QuĂ©bec alloue un maximum de 600 dollars pour la disposition d’un corps non rĂ©clamĂ©. Ça ne couvre mĂȘme pas la moitiĂ© de ce que ça peut nous coĂ»ter. » En attente Avant d’ĂȘtre classĂ© parmi les non rĂ©clamĂ©s, un corps doit franchir une sĂ©rie de jalons dans la bureaucratie mortuaire. La famille doit renoncer par Ă©crit Ă  prendre possession de la dĂ©pouille, ou bien un service de police, aprĂšs avoir fait enquĂȘte, doit arriver Ă  la conclusion qu’aucun proche ne peut ĂȘtre trouvĂ©. Un enquĂȘteur signe alors une dĂ©claration sous serment standard oĂč il affirme que, suite Ă  des recherches approfondies [
], il nous fĂ»t [sic] impossible de retracer un membre de sa parentĂ© ». À ce stade, un tiers — que ce soit un ami, un voisin ou un organisme de charitĂ© — peut intervenir pour rĂ©clamer le dĂ©funt et lui organiser des obsĂšques Ă  ses frais. Des organisations comme La Maison du PĂšre et Les Petits FrĂšres, notamment, le font pour certaines des personnes qu’elles ont prises sous leur aile. Dans des cas plus rares, il arrive aussi que ces cadavres soient remis aux facultĂ©s de mĂ©decine ou Ă  l’école de thanatologie du CollĂšge Rosemont, qui s’en servent dans leur enseignement. Mais si personne ne se manifeste, il ne reste qu’une issue possible. À la rĂ©ception du document de la police ou du formulaire de refus signĂ© par la famille, le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux autorise la maison funĂ©raire qui hĂ©berge le mort Ă  procĂ©der. Son sort est scellĂ© par courriel, en quelques lignes machinales envoyĂ©es par l’une des deux fonctionnaires responsables du dossier au MinistĂšre Nous vous autorisons Ă  disposer du corps non rĂ©clamĂ© de la personne mentionnĂ©e ci-dessous. Veuillez faire parvenir votre facture Ă  l’adresse indiquĂ©e. » Cet Ă©change officiel masque des opĂ©rations dĂ©licates qui n’ont rien de protocolaire. La police peut mettre quelques jours, plusieurs semaines, voire des mois avant de clore ses recherches sur la famille. Pendant ce temps, le corps — qu’on dit alors en attente de statut » — vĂ©gĂšte dans une salle rĂ©frigĂ©rĂ©e et, peu Ă  peu, malgrĂ© le froid, il se dĂ©compose. Il faut prendre des prĂ©cautions pour minimiser toutes les Ă©tapes de dĂ©gradation, souligne Patrice Chavegros, vice-prĂ©sident aux ventes et au service Ă  la clientĂšle chez Magnus Poirier. Ça demande du personnel, une expertise, de l’équipement. » Jusqu’en 2005, c’était le Bureau du coroner qui s’occupait de l’ensemble de ces dĂ©pouilles, mais leur nombre a tellement augmentĂ© qu’il manquait d’espace dans ses propres morgues pour les accueillir. Des considĂ©rations juridiques autant que pratiques, de coĂ»ts et d’espace, ont mis fin Ă  cette façon de faire, m’explique la coroner en chef, Catherine Rudel-Tessier. Si une catastrophe survient et que 15 personnes nous arrivent d’un coup, il faut qu’on ait de la place dans nos frigos. » N’y sont dĂ©sormais conservĂ©es que les personnes mortes dans des circonstances louches ou violentes, qui requiĂšrent une identification ou une enquĂȘte d’un coroner. Les hĂŽpitaux peuvent garder leurs morts dans leurs propres installations frigorifiques, mais les CHSLD et autres rĂ©sidences pour aĂźnĂ©s n’ont pas ce genre d’infrastructure. Les maisons funĂ©raires ont dĂ» prendre le relais. ‱‱‱ Tous les QuĂ©bĂ©cois ont droit Ă  une aide financiĂšre de l’État pour couvrir leurs frais funĂ©raires. Le RĂ©gime de rentes du QuĂ©bec RRQ prĂ©voit une prestation de dĂ©cĂšs de 2 500 dollars, ou encore, si le dĂ©funt n’a pas assez cotisĂ© dans sa vie pour y ĂȘtre admissible et qu’il est sans le sou, une allocation Ă©quivalente peut ĂȘtre versĂ©e par l’intermĂ©diaire du programme d’aide sociale. Le hic, c’est que ces allocations ne sont accessibles qu’à la personne ou Ă  l’organisme de charitĂ© qui paie les obsĂšques. Les entreprises funĂ©raires ne peuvent d’aucune maniĂšre mettre la main dessus, contrairement aux associations caritatives comme La Maison du PĂšre ou Les Petits FrĂšres. Ainsi, quiconque n’a personne pour agir en son nom aprĂšs sa mort se voit privĂ© de ce soutien. La Corporation des thanatologues du QuĂ©bec cherche donc Ă  rĂ©cupĂ©rer ces fonds pour les mettre au service des gens abandonnĂ©s. Le regroupement a mis sur pied Ă  cet effet la Fondation Dernier Hommage, en 2013 dans le cadre d’un projet-pilote, celle-ci tente actuellement d’obtenir des prestations de dĂ©cĂšs pour quatre dĂ©funts non rĂ©clamĂ©s. Mais ce n’est pas gagnĂ©. On voudrait, par la fondation, faire en sorte que les entreprises membres aient accĂšs aux prestations pour pouvoir offrir un rituel relativement digne Ă  ces personnes. Une cĂ©rĂ©monie quelconque en chapelle, une commĂ©moration individuelle, prĂ©cise la directrice gĂ©nĂ©rale, Annie Saint-Pierre. Pour le moment, le ministĂšre du Travail, de l’Emploi et de la SolidaritĂ© sociale ne reconnaĂźt pas la fondation comme un organisme de charitĂ© qui pourrait en bĂ©nĂ©ficier. On est en dialogue avec le gouvernement Ă  ce sujet. » Occupez-vous-en » De plus en plus souvent, les dĂ©funts aboutissent dans une fosse commune non pas parce qu’ils sont sans famille, mais parce que la leur a renoncĂ© Ă  leur dĂ©pouille. C’est ce qui est arrivĂ© Ă  Norbert M., le sans-abri fantĂŽme son frĂšre s’est prĂ©sentĂ© Ă  l’hĂŽpital dĂšs le lendemain de son dĂ©cĂšs pour signer le refus de rĂ©clamation. Dans le cas de Richard J., l’homme aux aquariums dont j’ai visitĂ© l’appartement deux semaines aprĂšs sa mort, c’est l’un de ses fils qui a signĂ©. Parmi les morts non rĂ©clamĂ©s qui passent chez Magnus Poirier, la moitiĂ© ont de la parentĂ© qui a refusĂ© de s’occuper de leur corps, estime la responsable du dossier et directrice des opĂ©rations, GeneviĂšve Poirier. Ce n’est pas forcĂ©ment par mauvaise volontĂ© que les proches abdiquent, observe-t-elle. Nombre d’entre eux sont dĂ©munis, affaiblis par la vieillesse ou la maladie. Souvent, les gens apprennent le dĂ©cĂšs d’une personne avec qui ils n’ont pas eu de contact depuis des dizaines d’annĂ©es, ou la personne retrouvĂ©e est elle-mĂȘme extrĂȘmement ĂągĂ©e et hypothĂ©quĂ©e. T’as beau vouloir, mais avant de t’avancer dans des paiements de frais funĂ©raires, il faut que tu te mettes Ă  jour. Et ces personnes dĂ©cĂšdent souvent sans aucun papier, pas de testament, rien. Et lĂ , il faut faire ci, faire ça, appeler ici, Ă©crire lĂ . Les gens prennent peur », explique-t-elle de sa maniĂšre placide et mesurĂ©e, qui doit apaiser les endeuillĂ©s. Photo Leda&St-Jacques Beaucoup abandonnent devant la lourdeur des dĂ©marches qu’il faut entreprendre auprĂšs de l’administration publique pour obtenir l’aide financiĂšre qui leur permettrait d’assumer le coĂ»t des funĂ©railles. D’autres dĂ©chantent quand ils dĂ©couvrent que la prestation de dĂ©cĂšs de 2 500 dollars ne suffira pas Ă  couvrir toutes les dĂ©penses. Le montant n’a pas Ă©tĂ© indexĂ© ni revu depuis 20 ans, dĂ©plore Annie Saint-Pierre, de la Corporation des thanatologues. C’est dur, les mots qu’on entend dans nos entreprises “À ce compte-lĂ , Ă  2 500 dollars, j’aime autant laisser faire, occupez-vous-en.” » Mais il n’y a pas que le manque de moyens qui est en cause. Il est vrai aussi que les familles se disloquent et s’éparpillent. Manon St-Pierre, sergente-dĂ©tective au Service de police de la Ville de MontrĂ©al, est en premiĂšre ligne pour le constater. L’une des deux enquĂȘteuses affectĂ©es Ă  cette tĂąche dans la Division Sud, qui englobe le centre-ville et ses environs, c’est sur son bureau qu’atterrissent les dossiers, en moyenne cinq ou six par semaine, quand les membres de la famille d’un dĂ©funt sont introuvables. Lorsqu’elle parvient enfin Ă  les joindre, au bout de quelques jours ou de quelques semaines de recherche, et qu’elle les informe du dĂ©cĂšs d’un proche qui leur est devenu Ă©tranger, ils absorbent le choc puis, bien souvent, ils lui dĂ©ballent l’histoire familiale. Des parents qui ont tournĂ© le dos Ă  leur enfant. Des enfants qui ont Ă©vincĂ© leurs parents de leur vie. Des frĂšre et sƓur sans nouvelles l’un de l’autre depuis une dĂ©cennie. Les disputes qui, Ă  la longue, s’érigent en murailles. La violence, la toxicomanie. Ou l’étiolement tristement banal des liens qui n’ont pas rĂ©sistĂ© aux dĂ©mĂ©nagements et aux divorces. Lorsqu’ils acceptent la responsabilitĂ© du corps, la dĂ©tective les envoie Ă  la maison funĂ©raire qui le loge ; lorsqu’ils la dĂ©clinent, elle leur fait signer le formulaire de dĂ©sistement. Je peux totalement comprendre les gens qui font ce choix-lĂ , affirme-t-elle, assise dans un bureau du centre opĂ©rationnel. Les familles prennent leur dĂ©cision en fonction de leurs valeurs. Je leur dis tout le temps “Moi, je ne porte pas de jugement, allez-y avec votre cƓur.” » Avec son air rĂ©servĂ©, flegmatique, et ce fond de mĂ©lancolie dans ses yeux clairs, ce n’est pas Ă©tonnant qu’elle attire les confidences. J’ai l’impression, depuis que je suis Ă  ce poste-lĂ , de ne mĂȘme plus faire de la police. Ça a un cĂŽtĂ© trĂšs humanitaire. C’est comme si je me sentais la porte-parole de ces personnes-lĂ  pour faire ce qu’elles auraient dĂ» faire avant de mourir. Des fois, on apprend des choses sur des gens pour qui on fait le travail, mais regarde
 je ne sais pas ce qui s’est passĂ© dans leur vie pour qu’ils se rendent lĂ . Je donne exactement le mĂȘme effort pour tout le monde. » Sur la piste d’un proche, la policiĂšre peut dĂ©ployer les mĂȘmes techniques qu’elle utiliserait pour dĂ©busquer un suspect. Si elle ne trouve pas le nom ou les coordonnĂ©es d’un parent dans les effets personnels du dĂ©funt, elle interroge l’entourage, scrute des bases de donnĂ©es, obtient des renseignements auprĂšs d’autres organisations. Plus qu’auparavant, son travail implique aussi de fouiller sur d’autres continents, dans les pays d’origine des immigrants qui se sont Ă©tablis seuls au Canada et y sont morts sans avoir fondĂ© de famille. Interpol lui sert alors d’intermĂ©diaire pour entrer en contact avec des policiers locaux, qui effectuent leurs propres recherches sur le terrain. Il y a des pays, en Afrique ou en Asie, oĂč c’est plus complexe, oĂč je sais de prime abord que je n’aurai jamais de retour, parce qu’ils n’ont aucune structure. On fait la demande pareil, explique-t-elle. Je me mets Ă  la place d’une famille qui aurait voulu prendre en charge la dĂ©pouille, mais qui n’était mĂȘme pas au courant du dĂ©cĂšs parce que je n’ai pas Ă©tĂ© jusqu’au bout. Je m’en voudrais. » Margaret l’exilĂ©e Un jour de l’automne 2016, Manon St-Pierre a dĂ» s’avouer vaincue. Presque trois mois s’étaient Ă©coulĂ©s depuis la mort de Monika Margaret Sarkar, une femme de 61 ans rĂ©sidente d’un HLM de Pointe-Saint-Charles, et ses efforts demeuraient vains. Le 2 dĂ©cembre, la dĂ©tective s’est rĂ©solue Ă  signer la dĂ©claration sous serment mettant officiellement un terme Ă  ses recherches de famille ; la semaine suivante, la fonctionnaire du ministĂšre de la SantĂ© a dĂ©livrĂ© l’autorisation de disposer du corps. Les restes de Margaret allaient finir empaquetĂ©s avec les autres cartons de cendres dans la caisse en bois du Repos Saint-François d’Assise. C’était une question de jours. Des fois, on apprend des choses sur des gens pour qui on fait le travail, mais regarde
 Je ne sais pas ce qui s’est passĂ© dans leur vie pour qu’ils se rendent lĂ . Je donne exactement le mĂȘme effort pour tout le monde. Puis, in extremis, une ligne lancĂ©e au hasard a mordu. Un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone au Bangladesh. On n’avait aucune information sur la famille. MĂȘme pas un nom, se rappelle la policiĂšre. Il fallait que j’essaie des affaires. À un moment donnĂ©, j’ai eu un numĂ©ro qui me semblait intĂ©ressant. Je l’ai essayĂ©, comme ça, en fin de shift, et je suis tombĂ©e sur quelqu’un qui parlait anglais. » Au bout du fil, c’était la niĂšce de la dĂ©funte. ‱‱‱ On n’en croyait pas nos oreilles quand la gentille policiĂšre du Canada nous a informĂ©es que ma tante Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ©e », me raconte Francisca Bithi Sarkar. Je la joins un soir d’aoĂ»t Ă  Dacca, la capitale surpeuplĂ©e du Bangladesh que les pluies diluviennes de la mousson viennent d’inonder. On n’arrĂȘtait pas de lui demander “En ĂȘtes-vous sĂ»re ? Êtes-vous sĂ»re que c’est bien elle ?” On Ă©tait sous le choc », me dit-elle d’une voix chantante et dĂ©licate, dans un anglais Ă  peine trĂ©buchant. En sourdine, j’entends sa mĂšre, Cicilia Kobita Sarkar, sƓur cadette de la disparue, complĂ©ter en bengali les propos de sa fille. QuatriĂšme et cinquiĂšme d’une famille de 11, les deux sƓurs ne s’étaient pas vues depuis plus de 20 ans, mais leur attachement ne s’était pas dĂ©menti. Monika Margaret Sarkar considĂ©rait sa niĂšce Bithi comme sa fille, mĂȘme si elle ne l’avait jamais vue autrement que sur les photos qu’elle rĂ©clamait qu’on lui envoie lorsqu’elles se parlaient au tĂ©lĂ©phone. Je l’appelais maman, dit la jeune fille de 19 ans en Ă©chappant un sanglot. Le plus triste, c’est de penser qu’elle Ă©tait complĂštement seule au Canada, qu’on ne pouvait pas ĂȘtre avec elle. » Le rĂ©cit que la sƓur et la niĂšce me font de sa vie est plein de trous et d’imprĂ©cisions ; de vastes pans de son existence leur demeurent inconnus. Elles dĂ©crivent une femme aimante et joyeuse, durement fragilisĂ©e par l’exil et la solitude. Margaret s’était Ă©tablie au QuĂ©bec vers l’ñge de 40 ans, aprĂšs ĂȘtre passĂ©e par l’Italie et la France. Elle a tentĂ© Ă  maintes reprises d’y faire venir les siens — son mari, dont elle a dĂ» divorcer, son pĂšre, ses frĂšres et sƓurs, sa niĂšce —, mais les demandes d’immigration ont Ă©chouĂ©, m’explique Bithi. Ça l’a profondĂ©ment dĂ©primĂ©e. Peu Ă  peu, elle a perdu son Ă©quilibre mental. » Jamais ils n’ont rĂ©ussi Ă  la convaincre de rentrer au bercail. C’est la policiĂšre montrĂ©alaise qui leur a appris que leur bien-aimĂ©e Margaret avait succombĂ© Ă  un cancer du poumon Ă  l’hĂŽpital. Bithi et sa mĂšre auraient voulu sauter dans un avion pour venir quĂ©rir sa dĂ©pouille, voir au moins une derniĂšre fois son visage. Mais les coĂ»ts du voyage les ont dĂ©couragĂ©es. Et de toute façon, ce n’était plus possible. Il n’était plus question pour l’entrepreneur funĂ©raire de leur montrer le corps dans cet Ă©tat. Pendant qu’elles tergiversaient Ă  Dacca, la dĂ©pouille dĂ©pĂ©rissait Ă  MontrĂ©al, Ă  Bleu Ciel Espace Hommage, un salon mortuaire installĂ© dans une ancienne banque. La salle rĂ©frigĂ©rĂ©e est amĂ©nagĂ©e dans la chambre forte, derriĂšre une Ă©paisse porte de mĂ©tal dissimulĂ©e par un rideau. On peut y dĂ©poser presque une trentaine de cadavres, quoique Ă  ce nombre ils seraient Ă  l’étroit dans ce lieu exigu. Pas l’endroit idĂ©al pour entreposer des corps Ă  long terme. La famille ne savait pas sur quel pied danser. Il y a eu des dĂ©lais pour qu’on se comprenne sur ce qu’ils voulaient faire, m’explique le directeur, Martin Bolduc, dans le salon oĂč rĂšgne la puissante odeur d’un dĂ©sodorisant floral. La dame n’était plus dans un bon Ă©tat. Ça n’avait plus de bon sens, il fallait faire quelque chose. J’ai mĂȘme Ă©tĂ© obligĂ© de monter un peu le ton, de mettre de la pression. Quand ils sont Ă  distance, ça peut ĂȘtre compliquĂ©. » Dans ce genre de cas extrĂȘme, la maison prĂ©serve le corps dans une boĂźte de mĂ©tal scellĂ©e judicieusement placĂ©e sous le systĂšme de ventilation, au fond de la chambre forte, pour le garder le plus au frais possible. Ce n’est qu’en fĂ©vrier, plus de cinq mois aprĂšs son dĂ©cĂšs et grĂące Ă  l’intervention d’une autre membre de la famille Ă©tablie aux États-Unis, que Margaret a finalement pu ĂȘtre incinĂ©rĂ©e. Ne restait qu’à l’envoyer auprĂšs des siens. ‱‱‱ Les deux sƓurs habitaient autrefois aux abords d’une immense forĂȘt cĂŽtiĂšre, appelĂ©e Sundarbans, oĂč l’on peut croiser des tigres du Bengale, dans le sud du Bangladesh. Adolescentes, elles avaient dĂ» quitter le nid familial pour poursuivre leurs Ă©tudes dans la grande ville. Le printemps dernier, la cadette a refait le trajet de huit heures d’autobus jusqu’à Malgazi, le hameau de leur enfance, une urne en laiton posĂ©e sur le siĂšge d’à cĂŽtĂ©. Le voyage de Margaret allait s’achever lĂ  oĂč il avait commencĂ©. Les restes de Margaret allaient finir empaquetĂ©s avec les autres cartons de cendres dans la caisse en bois du Repos Saint-François d’Assise. C’était une question de jours. Le 27 avril, par une journĂ©e Ă©crasante, au moins 150 personnes se sont entassĂ©es dans l’église catholique du village pour lui dire adieu. Je suis tellement heureuse d’avoir au moins pu lui rendre un dernier hommage, mĂȘme si on n’a jamais pu voir son corps, raconte sa niĂšce Bithi au bout du fil. Ça faisait presque huit mois qu’elle Ă©tait morte. Si on tarde Ă  mettre quelqu’un en terre, son Ăąme nous implore “S’il vous plaĂźt, enterrez-moi, apportez-moi la paix.” » Ses restes ont Ă©tĂ© ensevelis auprĂšs de ceux de sa parentĂ©, dans le cimetiĂšre. L’emplacement est marquĂ© d’une modeste croix de bois, sur laquelle on a inscrit son nom. Chacun pour soi La vie en solitaire est devenue la norme au pays. Les personnes habitant seules reprĂ©sentent dĂ©sormais 28 % des mĂ©nages au Canada, selon le dernier recensement, et c’est au QuĂ©bec que la proportion est la plus Ă©levĂ©e, Ă  33 %. Le vieillissement de la population ne fera qu’accentuer la tendance, puisque les personnes ĂągĂ©es sont plus susceptibles que les autres groupes d’ñge de vivre en solo. L’un des grands dĂ©fis de notre Ă©poque sera de leur permettre de maintenir leur indĂ©pendance, tout en neutralisant le risque qu’elles meurent prĂ©cocement ou sans secours. Car la solitude en soi peut ĂȘtre mortelle. Les spĂ©cialistes la considĂšrent comme un mal aussi toxique que le tabagisme, le manque d’exercice ou l’obĂ©sitĂ©. Dans une mĂ©ta-analyse parue en 2015 dans la revue Perspectives on Psychological Science, des chercheurs calculent que le fait de vivre seul augmente le risque de mourir de 32 % ; ĂȘtre isolĂ© socialement, c’est-Ă -dire avoir peu d’interactions avec les autres, gonfle le risque de 29 % ; le simple fait de se sentir seul, de 26 %. Des initiatives voient le jour pour Ă©viter une mort solitaire aux personnes ĂągĂ©es ou vulnĂ©rables. En s’abonnant au programme Pair, les gens reçoivent un appel automatisĂ© chaque jour, Ă  l’heure de leur choix ; aprĂšs trois appels sans rĂ©ponse, une alerte se dĂ©clenche et un rĂ©pondant un proche, un voisin ou un policier est envoyĂ© Ă  leur domicile pour s’assurer qu’ils sont hors de danger. GĂ©rĂ© localement par des corps policiers, des municipalitĂ©s ou des organismes communautaires, le programme est offert gratuitement dans 70 % des MRC du QuĂ©bec, et un comitĂ© travaille Ă  l’étendre Ă  l’ensemble de la province. Le service aurait permis de secourir, depuis l’annĂ©e 2000, quelque 500 personnes qui avaient subi une chute ou un malaise alors qu’elles se trouvaient seules Ă  la maison et incapables d’appeler Ă  l’aide. Ça remplace le rĂ©seau social », rĂ©sume Paul Tear, policier responsable de l’agence Pair de Magog et prĂ©sident du comitĂ© provincial. Le logiciel procure aussi des attentions plus
 personnelles. Le jour de l’anniversaire de l’abonnĂ©, le systĂšme lui fait entendre, lorsqu’il dĂ©croche le tĂ©lĂ©phone, des vƓux de fĂȘte prĂ©enregistrĂ©s, chantĂ©s par Michel Louvain. Dans le mĂȘme esprit, l’Office municipal d’habitation de MontrĂ©al OMHM, voyant que ses occupants sont de plus en plus vieux et isolĂ©s, a mis en place le programme Un vigilant veille sur vous. Chaque soir avant de se coucher, les locataires accrochent une affichette Ă  leur poignĂ©e de porte et la retirent le matin en se levant. Lors de leurs rondes quotidiennes, des rĂ©sidants bĂ©nĂ©voles repĂšrent ceux qui n’ont pas enlevĂ© leur affiche et contactent, si nĂ©cessaire, un rĂ©pondant ou les services d’urgence. Actifs dans la moitiĂ© des 138 immeubles pour aĂźnĂ©s de l’OMHM, ces vigilants » auraient sauvĂ© quelques dizaines de vies depuis une dĂ©cennie, Ă©value le responsable du programme, Michel Fortin. Or, il est parfois ardu de convaincre les gens de s’inscrire, tant pour offrir ce genre de soutien que pour en recevoir. Il y a un syndrome “je me mĂȘle de mes affaires, ils feront pareil j’espĂšre”, poursuit Michel Fortin. On ne veut pas exposer sa vie privĂ©e, se faire dĂ©ranger, ou bien on est orgueilleux et on se dit qu’on n’a pas besoin de ça. On a beaucoup de travail de mobilisation Ă  faire. » Le climat qu’il dĂ©crit n’est pas propre aux HLM montrĂ©alais. Ce repli sur soi, cette hĂ©sitation Ă  cogner Ă  la porte du voisin et Ă  lui ouvrir la nĂŽtre, ce sont des rĂ©flexes plus ancrĂ©s qu’on le pense dans la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise. Selon une enquĂȘte de Statistique Canada, publiĂ©e en 2015 et basĂ©e sur les rĂ©ponses de 73 000 personnes, les QuĂ©bĂ©cois sont davantage retranchĂ©s au sein de leur clan familial et moins portĂ©s Ă  cultiver leurs amitiĂ©s, Ă  frĂ©quenter leurs voisins et Ă  faire confiance aux Ă©trangers, lorsqu’on les compare aux Canadiens des autres provinces. Par exemple, c’est au QuĂ©bec que les gens sont les moins nombreux Ă  se rendre service rĂ©guliĂšrement entre voisins. C’est Ă©galement ici qu’on mesure les niveaux de confiance les plus faibles envers les habitants du voisinage et les inconnus. Et puis, presque les deux tiers des QuĂ©bĂ©cois croient qu’on n’est jamais trop prudent dans nos relations avec les gens », un taux nettement plus Ă©levĂ© que n’importe oĂč ailleurs au pays. Pour Ă©viter qu’un si grand nombre de QuĂ©bĂ©cois meurent dans l’abandon, ça prendra bien plus que des appels automatisĂ©s et des affichettes accrochĂ©es aux portes. Il faudra rĂ©parer ces brĂšches dans le tissu social. Photo Leda&St-Jacques C’est justement en songeant aux vieillards qui s’éteignent sans que personne s’en aperçoive que Nadine Maltais a eu l’idĂ©e de Voisins solidaires, une initiative mise sur pied avec ses collĂšgues du RĂ©seau quĂ©bĂ©cois de Villes et Villages en santĂ©. Le but n’est rien de moins que de changer la culture — de rĂ©apprendre aux QuĂ©bĂ©cois Ă  veiller les uns sur les autres dans leurs quartiers, afin que les personnes ĂągĂ©es puissent vieillir chez elles en sĂ©curitĂ©. Ça peut ĂȘtre aussi facile que de vĂ©rifier si la vieille dame d’à cĂŽtĂ© a ouvert ses rideaux le matin. On a besoin de nouvelles solutions sociales pour relever le dĂ©fi du vieillissement, dit-elle. Le voisinage en est une. Actuellement, on est plutĂŽt dans une norme de cĂŽtoiement respectueux et d’ignorance mutuelle. Les gens se disent je paie des taxes, il y a plein de programmes sociaux, alors ça ne me regarde pas de m’occuper des gens autour qui ne sont pas des proches. Pourtant, les QuĂ©bĂ©cois, dĂšs qu’il arrive une catastrophe, sont prompts Ă  s’occuper des autres. Mais il faut quelque chose de grave, on dirait. Nous, on souhaite installer cette solidaritĂ© en continu, au quotidien. » Une campagne a Ă©tĂ© lancĂ©e en novembre Ă  l’échelle du QuĂ©bec pour Ă©duquer le grand public aux vertus du bon voisinage. Prochaine Ă©tape encourager les villes et les organismes communautaires Ă  prendre des mesures pour stimuler la convivialitĂ© sur leur territoire. S’y prĂ©parer Jean-Pierre Roux se sait Ă  trĂšs haute probabilitĂ© de mourir seul », et il a choisi de s’y prĂ©parer. Ce vieux garçon de 74 ans, ancien professeur de physique au cĂ©gep et patenteux informatique de la premiĂšre heure, vit en semi-rĂ©clusion dans un domaine privĂ© des Laurentides, au bord d’un lac. Sa maison a pour principales qualitĂ©s Ă  ses yeux d’ĂȘtre entourĂ©e d’arbres qui l’isolent des autres riverains, et d’ĂȘtre assez grande pour accueillir son piano de concert. L’endroit est difficile Ă  trouver, au dĂ©tour d’un chemin de terre, et son entrĂ©e abrupte est pĂ©rilleuse en hiver. J’ai craint de me casser le cou en m’y aventurant par une journĂ©e glacĂ©e. Ici, Jean-Pierre peut passer un mois sans voir personne. D’un naturel Ă  la fois anxieux et systĂ©matique, il a conclu un accord avec une amie de longue date. Le mercredi et le dimanche, il doit lui envoyer un courriel ; si elle ne reçoit rien, elle a pour consigne de lui tĂ©lĂ©phoner et, s’il ne dĂ©croche pas, de contacter un voisin, sinon le 9-1-1. Sur un pupitre sont dĂ©posĂ©es, bien en Ă©vidence, des instructions Ă  suivre si on le trouvait mort ou blessĂ©. Pour le moment, ses journĂ©es sont pleines. Tous les jours, il s’exerce au piano pendant quatre heures ; il fait une marche dans les bois ou un tour de chaloupe ; il lit des manuels de physique quantique, pour le plaisir, comme d’autres feuillettent des revues de jardinage. RĂ©guliĂšrement, il donne des leçons de piano Ă  la fille de 11 ans de sa grande amie, par l’intermĂ©diaire d’un appel vidĂ©o. On a besoin de nouvelles solutions sociales pour relever le dĂ©fi du vieillissement. Le voisinage en est une. Actuellement, on est plutĂŽt dans une norme de cĂŽtoiement respectueux et d’ignorance mutuelle. Sous ses dehors de vieil excentrique aux cheveux fous, enclin aux digressions mĂ©taphysiques, je le dĂ©couvre aussi sentimental qu’il est misanthrope, gauche mais d’une gentillesse infinie, nonchalant face Ă  la mort et pourtant terrifiĂ© par elle, et seul. Ses parents ne lui ont pas laissĂ© de bons souvenirs — il ne s’est pas prĂ©sentĂ© aux obsĂšques de son pĂšre — et son seul frĂšre survivant est Ă  peu prĂšs absent de sa vie. J’ai l’impression que ce que j’avais Ă  faire, je l’ai fait », me dit-il. Bah ! il y a bien une partition athlĂ©tique de Ravel — Gaspard de la nuit — qu’il lui tarde de maĂźtriser. Mais sinon, Jean-Pierre se dit prĂȘt Ă  partir. Il y a quelque temps, un virus redoutable l’a clouĂ© au lit pendant plusieurs jours et, croyant confusĂ©ment que ça y Ă©tait, il s’est laissĂ© glisser. J’étais sĂ»r que j’y passerais. Je n’ai pas eu le rĂ©flexe d’appeler au secours, je suis allĂ© me coucher et j’ai continuĂ© Ă  descendre. J’étais bien, me raconte-t-il. Je pourrais m’illusionner sur l’importance que je peux avoir. MĂȘme mes bons amis, je les vois une fois, deux fois par annĂ©e. Qu’est-ce que ça peut changer que je sois lĂ  ou pas ? » Si la hantise de mourir seul Ă  domicile le tourmente, ce n’est pas par crainte de n’ĂȘtre pas secouru Ă  temps, jure-t-il. C’est plutĂŽt Ă  cause de la petite pianiste en herbe pour qui il s’est pris d’un amour paternel, et Ă  qui il espĂšre lĂ©guer sa demeure en hĂ©ritage. Je veux que ma maison reste intacte. Si je reste un mois Ă  me dĂ©composer, ils pourraient ĂȘtre obligĂ©s de la raser. Ce n’est vraiment pas pour qu’on vienne me sauver in extremis au cas oĂč je me casserais une jambe ! dit-il d’un air mi-sĂ©rieux, mi-amusĂ©. Mon hĂ©ritiĂšre m’incite Ă  prendre des moyens pour le moment oĂč elle aura ma maison et mon piano. C’est une pensĂ©e trĂšs agrĂ©able pour moi de l’imaginer avec mes affaires. » L’idĂ©e de son corps en putrĂ©faction dans la future rĂ©sidence de la fillette le rĂ©vulse davantage que la mort elle-mĂȘme. Alors, il envoie ses deux courriels par semaine. C’est un motif saugrenu, peut-ĂȘtre ; c’est nĂ©anmoins ce qui le garde en vie. ‱‱‱ * Par souci de confidentialitĂ©, nous ne dĂ©voilons pas le nom de famille complet de ces dĂ©funts. Vendeurde notre maison, notre fosse septique n'est pas aux normes, apres devis, la faisabilitĂ© de la conformitĂ© s'avĂšre compliquĂ©e, et entraine la dĂ©molition d'une terrrasse, d'un muret de soutĂšnement de 25000 et 35000 euros. Nous ne pouvons pas effectuer ces travaux, et il semble difficile de trouver acquĂ©reur qui devra prendre en charge de tels travaux. Accueil Saint-Quentinois L’automobiliste a percutĂ© une voiture en stationnement Ă  Aubencheul-aux-Bois avant de prendre la fuite et de finir sa course dans un fossĂ© oĂč il a Ă©tĂ© retrouvĂ© par les gendarmes, dans la nuit de vendredi Ă  samedi 27 mars. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s . 245 272 41 200 261 166 10 200

risque de finir dans une fosse commune